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Comment écrire durant cette période compliquée.
Comment décrire cette période compliquée.
D’ailleurs, pourquoi écrire durant cette période ?
Compliqué…
OU PAS
On est dans le dure là, je n’ai plus de garde fou.
Depuis le début je me réserve une marge, un espace, un palier, un sas qui me permet autant physiquement que moralement de garder une distance sur les choses, comme si la douleur qu’on voulait bien me donner était plus forte que celle que je ressentais réellement.
Voyez-vous ce que j’essaie de vous livrer ?
C’est pas évident, mais je vais faire au mieux.
Comme si, ce que j’endurais était “exagéré”, exagéré par rapport à mon degré d’encaissement entendons-nous bien, exagéré par rapport à mon degré d’acceptation. Je vois de la peine dans les yeux de mon entourage qui n’était pas au niveau de ce que je ressentais à l’intérieur de moi.
Certes il y avait la fatigue mais ça, tout le monde peut le gérer.
Certes il y avait les effets secondaires connus et moins connus et ça, on à pas le choix que de le gérer.
Cette marge me laissait de quoi gérer les prochaines étapes avec une réserve de vitalité nécessaire, et me permettrais sûrement de tenir jusqu’au bout dans les “meilleurs conditions”.
SECOND MASQUE
Mais voilà… À ce jour je n’ai plus aucune marge, aucun pas d’avance, plus aucun sas de décompression autorisé, je suis dans ce que l’on appel sûrement: le fond du terrier.
L’équilibre s’est inversé, mon niveau de douleurs à dépassé mon niveau d’acceptation, mon degré d’encaissement s’est effrité, s’est chimiothérapisé.
C’est maintenant que je dois me contenter d’un “t’inquiètes ca va aller” pour panser mes plaies qui m’apparaissent vives et béantes, mon corps ne m’appartient plus, il réagit et je subis, je ne sais pas ce qu’il fait, il est anémié, puis en aplasie, il est injecté de substances puis développe des courbatures, de la fièvre, mes tempes tapent fort, le moindre mouvement me rappel que mon corps est en ébullition, les céphalées me rendent dingue, jamais je n’aurais pensé un jour dans ma vie rester cloué au lit plus de 48h et le calvaire dure depuis 10 jours.
Je repousse mes capacités d’acceptation à la douleur, ce que je considérais comme “me faire mal” avant est devenu une routine dans laquelle je tente de me sentir “bien”.
J’avais une douce vie jusqu’à présent, des bobos, des fractures, des pansements, des maux de tête, des lendemain de cuites, des maux de têtes de lendemain de cuite, des trucs comme ca quoi.
Cette étrange sensation de ne plus rien contrôler, j’ai souvenir d’un bad trip sous LSD qui à duré des heures et des heures ; là c’est un bad trip qui se compte en jours et en semaines. J’ai qu’une envie c’est de redescendre en douceur. Fini les conneries j’ai passé l’âge putain.
LUCKY LUKE
Le degré d’évolution d’un jour à l’autre est infime.
Nous sommes sur une échelle de progression que je ne connais pas. Pour moi une grippe c’est une fois tous les 2 ans et pas plus de 4 jours dont 1 au lit et 3 sous paracétamol, mais cette échelle infinitésimale que je découvre, chamboule toute ma vie.
Je ne suis plus que l’ombre de moi même.
Autant on s’attend à récupérer un micron de quelconque capacité en 24h, même 48h ! Autant on en perd d’autres…
Il faut passer à une tout autre échelle, de minutes à des heures de souffrance on passe à un jour, de jour on parle ensuite en semaine.
Entendons nous sur le mot souffrance.
Quand je parle de souffrance je parle autant de situation d’anémie sévère durant laquelle rien est réellement souffrance comme on pourrait l’entendre type “un mauvais coup sur le tibias” si on avait besoin d’un exemple, mais chaque mouvement est souffrance, ton corps est souffrance, c’est un sentiment vraiment étrange et foncièrement déprimant.
Il n’y à pas de patience au royaume de la souffrance.
Et j’imagine n’être qu’un exemple parmi des cas bien plus graves mais là tout de suite je m’en fou à vrai dire, la douleur rend égoïste.
DOULEUR : DOUX LEURRE
Même si je m’en approche capilairement parlant, je ne suis pas encore Buddha, du coup je veux bien écouter les conseils de gens qui “ont entendu parlé d’une solution miracle” par la “cousine de leur oncle de l’arrière grand père par alliance” et que “à ce qu’il paraît ca marche bien”, regarder un “tuto sur youtube” et le tour est joué.
Magie 3.0 gratuite et franchement “à la porté de tout un chacun”, juste s’en donner les moyens…
C’est comme les religions, on se demande pourquoi ca existe car ca marche pas.
Allez tous bien vous faire gifler par une licorne…
C’est toujours ceux qui n’empruntent pas le chemin qui sont de bons conseils sauveurs.
Il y à une différence, et je le répète encore, même concernant le personnel dévoué du secteur hémato, qui sont plus blasé du Cancer que touché eux mêmes, il y à une différence entre connaître le chemin, en avoir une idée même très précise, et parcourir ce chemin.
Moi même, le parcourant de plein pied ce chemin, je suis maladroit et de mauvais conseil pour un autre cancereux.
Tu comprends mieux ?
Restons humble les ami(e)s, je veux bien entendre des choses comme méditation, énergies, connexion, matière, lumière, même jusqu’à la communion avec la nature pourquoi pas je suis open t’a pas idée, mais pauvre d’expérience que nous sommes, souvent les uns s’inventent Chaman du quartier parce qu’ils ont vu un reportage sur Arte, et que leur cousine est allée en Inde 2 fois pourtant.
Tout cela part certainement d’une bonne intention, je dis pas le contraire. Et c’est en cela que j’espère d’ailleurs, je vois mes consœurs et confrères s’ouvrir de plus en plus, s’interroger, s’autoriser des extra-para-manières de penser car au final, rien à de sens dans ce monde donc il faut bien lui en donner un.
Il n’y à pas 1000 manières de rebondir, il faut toucher le fond.
Et n’oublions pas que jusqu’ici tout va bien.
#jusquicitoutvabien #fuckcancer #jevousaimeputain #giflerparunelicorne 😆 #sijemenerve #cestquecavamieux