ÉTAGE 25: VALSE À 3 TEMPS

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1- LE MENTAL

 
Je ne donne plus de nouvelle car la seconde partie du travail que j’ai entrepris ne s’accorde guère avec ces outils de communication.
La mise en scène, les vidéos, le combat en images, les stories… Facebook, Instagram…etc.
J’ai poussée cette maladie sur le devant de la scène pour expier l’impensable, pour tenter d’expliquer l’inexplicable, pour décoller de moi cette torpeur, pour participer à démocratiser ce fléau mondial, pour recueillir de l’aide, des conseils, de la compassion.
J’ai tenté de l’humilier pour nous donner à tous une sorte d’explication, pour tenter de nous rassurer, pour nous permettre de nous défouler, pour montrer que tout cela n’est rien et « voilà comment on peut s’en sortir » en mode « fuck cancer » et consort.
 
Je dois vous dire que je ne me reconnaissais pas dans ce manque de pudeur et que je sentais ne pas être sur le bon niveau pour avancer.
À la fois tirailler par un sentiment et convaincus de son contraire.
Je ne regrette rien non non non et je continuerais à vous donner des nouvelles via des écrits quand il me semblera le juste et bon moment de vous les partager.
Le jeu fini quand cesse le dénis.
 
Le mental est cette couche que nous superposons à notre regard et à celui des autres et qui nous éloigne de la réalité de notre Être.
Plus on se rapproche de notre Être plus la vie à du sens, plus on est aligné avec ce que l’on est au plus profond, plus on est en bonne santé.
C’est un baromètre très précis que nous avons tous, et les troubles de santé sont là pour nous rappeler notre distance, notre degré d’éloignement face à nous même.
 

2- LE PHYSIQUE

 
Depuis le tout premier diagnostique, la première partie fut un combat chimique contre la maladie.
Un combat, lutter contre, tout faire contre, contre le cancer, contre la grosseur, contre les cellules malignes contre la mort.
La médecine allopathique continue de m’effrayer avec leurs blouses blanches, et à chaque entretien c’est avec des douleurs physiques que j’encaisse des mots comme “pronostic vital engagé”, comme “développement rapide et mortel”, des explications de “traitements chimiques encore plus lourd », « vous ne devriez pas attendre », « on vous aura prévenu » …
 
Ces cellules m’appartiennent, elles me constituent, elles font partie de moi et lutter contre n’a pas eu grand effet mise à part, peut être, gagner du temps, un temps bien relatif.
 
Les 4 premières cures de chimiothérapie reçues (février 2019) ont permis de réduire cette grosseur à sa taille actuelle (février 2020).
Ce qui m’a poussé légitimement à me demander à quoi ont bien pu servir les 8 autres ?
Aucun contrôle de l’évolution entre la 4ième à la 12ième cures, aucun marqueur, une navigation à l’aveugle sur un océan dévasté, une décision parfaitement incompréhensible.
J’ai du me fier au positivisme rassurant de l’hématologue pour braver ces mois de galère, garder la tête haute à accuser les lourdes charges à répétitions, me contenter de suivre sa confiance inébranlable en son protocole tout puissant pour la retrouver atterrée le jour du second couperet et ainsi perdre toute ma confiance.
 
Vous n’avez pas le droit de faire subir à un corps 8 chimiothérapies sans aucun contrôle, sans être sûr qu’elles assurent bien leur travail, sans être sûr que toutes ces souffrances nous mènent sur le bon chemin. Nous sommes sur des maladies particulières qui, nous le savons, se comportent différemment en fonction de leur environnement.
Il est interdit de foncer tête baissée en se fiant à un seul et unique protocole pour un seul et unique type de cancer se développant sur des milliers d’environnements possibles.
C’est bien trop de souffrance pour si peu de résultat.
Un PETSCAN ou encore une simple radiographie aurait dû être faite entre le 6 juin et le 6 novembre pour confirmer/infirmer la réponse du protocole en cours de traitement.
C’est tellement logique.
Mais baigné dans une certaine croyance euphorisante de « ca y est enfin on en voit le bout » j’y ai cru et laissé faire.
Une sorte de lâché prise physique sur l’Autel de la médecine.
Et à toutes mes questions légitimes je n’ai reçu que pour seule et unique réponse: c’est le protocole.
 
Après ces 6 mois de chimiothérapie et l’annonce de l’échec, j’ai encaissé la nouvelle avec une extrême sérénité.
J’ai compris qu’ils faisaient leurs jobs, qu’il existe un pourcentage d’échec, que j’en fais partie, que je ne suis pas le premier, c’est ainsi, maintenant à moi de reprendre les choses en mains.
Au fond j’avais eu beau jouer le rôle de combattant via le blog, partageant avec dérision, ironie et humour mes souffrances, mais, avais-je réellement pris conscience du problème ou, étais-je encore dans le dénis ? Aurais-je sous-estimé le message ?
 
Une pluie de question qui m’ont emmenée une à une jusqu’à la dernière inadaptée à mon mental: souhaites-tu vraiment guérir ?
 

3- L’ÊTRE

 
Après une première tentative de traitements par chimiothérapie, dans bien des cas la récidive est terrible car les cellules malsaines avancent sur un terrain défoncé par les traitements donc propice à son développement: notre sytème n’oppose aucune réaction et l’évolution se fait plus massive, plus rapide.
Lyon Sud ne valide pas mon expérience, ils m’encouragent à accepter le nouveau protocole de chimio encore plus destructeur, et j’ai compris qu’ils faisaient leur boulot.
Mais parallèlement, l’hématologue ne peut pas nier que depuis maintenant 4 mois, les cellules « malsaines » ne se sont pas multiplier catastrophiquement comme annoncé, que mon examen clinique ne laisse rien paraître d’anormale et que mon bilan sanguin est remonté à tous les niveaux tel un système immunitaire d’une personne pleine de vie.
Elle ne l’explique pas, pour elle il s’agit d’une chance, qu’il faut en profiter pour attaquer rapidement les traitements avant que mon état se dégrade.
Pour elle les maladies auto-immunes piègent le système immunitaire qui « passe à côté » et ne voit rien d’où mon état actuel d’apparente bonne santé.
Pour elle le faite que je n’ai pas de symptômes comme j’ai eu n’est qu’une question de temps.
Pour elle il est impossible que cela parte tout seul par enchantement.
 
Tout cela est fort probable, j’en ai pleinement conscience, mais pour moi il ne faut pas mettre de côté qu’une grosseur ne se met pas au repos toute seule, elle ne prend pas de « vacances », quelque chose freine donc son évolution.
Si quelque chose freine son évolution, cela veut dire que quelque chose s’est mis en place et que ce petit signe auquel je m’accroche aussi infime qu’il soit peut même, à terme, pourquoi pas, inverser le processus et la dissoudre.
C’est ce que j’ai entrepris depuis novembre.
 
Alors je pars de rien, je m’accroche à tout et interprète moi aussi mes propres résultats car tout est question d’interprétation.
Je trouve les discours qui me font du bien, je m’entoure de gens qui comprennent ma démarche, j’écoute et je me tais et j’éloigne les mauvaises énergies.
Je me reprends en main totalement, je pousse délicatement de côté ma famille en reprenant la totalité de mon dossier et en décident de comment tout le reste allait se passer, juste pour qu’ils respirent, que je puisse respirer aussi et que tout simplement on reprennent confiance en la vie.
Une parenthèse de vie voilà ce que je veux.
Ils sont fantastiques et me suivent et me soutiennent.
L’espoir renaît en nous et je les invitent à ignorer la maladie, sans la dénigrer, mais au contraire cette fois ci en l’acceptant complètement comme la mort fait partie de la vie.
 
Alors je me suis posé la question toute simple: ai-je été jusqu’à présent en mesure de comprendre le message de cette grosseur ? d’en remonter le fil pour en dénouer les blocages et ainsi pouvoir entamer un véritable processus de guérison ?
 
Nous sommes au lendemain du second couperet, début novembre 2019, je retombe sur cet excellent reportage « Mon docteur Indien », je ne sais plus comment j’arrive à rentrer en contact avec la dame que l’on voit dans le reportage qui à la gentillesse de me répondre instantanément en m’indiquant les coordonnées du médecin du reportage en question…
Je prends cela comme un signe et je pars en Inde seul la semaine d’après direction Cochin et les montagnes de Coimbatore en traitement dans un hôpital ayurvédique austère et bienveillant.
 
En médecine holistique, le combat est tout autre car il demande de pivoter, de descendre au fond de soi-même, peler les couches de notre égo pour retrouver notre Être, cette essence divine ; puis avec elle, disséquer les couches émotionnelles en acceptant toutes ses peurs, pardonner à soi surtout, et aux autres, lâcher nos blocages et laisser agir. Rayonner.
Après le combat contre la tumeur, je suis dans l’acceptation de cette grosseur.
L’acceptation de cette grosseur m’a entraînée au plus proche de moi même, au centre, à la source.
L’acceptation de cette grosseur m’a emmené inéluctablement jusqu’à ma mort.
 
Tout ce process prend du temps, est autant incertains que 6 autres mois de chimio mais à le merveilleux avantage de ne m’apporter aucun effet secondaire physique et de laisser entrer la joie.
Ce qui est du pure bonheur quand on à connu les 12 chimio…
 
L’Inde est bien ce pays fantastique qui ne se raconte pas mais se vie.
 
Le processus que j’ai entamé est ma voie de guérison, quoiqu’il arrive et même si je dois retourner en chimio ; car avant de guérir il faut le vouloir et vouloir guérir c’est comprendre le sens de sa vie.
Comme tout processus il demande du temps, beaucoup de temps.
J’ai du retourner au sens primordiale pour comprendre, j’ai du accepter mes faiblesses, comprendre mes blocages, les revivre et les dissoudre pour les muter.
On parle de renaissance lors d’une maladie, d’un point de vue physique par la perte des cheveux et autres effets secondaires liés aux traitement chimiques clairement oui
Mais ce qu’il faut entendre dans les discours des nouveaux vivants, des survivants à de telles épreuves est une renaissance de l’être primordiale au delà du mental, au delà de toute forme d’égo, au delà de notre enveloppe physique.
 
Je parle comme un rescapé car pour moi je le suis déjà même si je viens de recevoir un nouveau traitement chimiothérapie.
Tout ce que je sais c’est que je suis mon intuition.
 
Il n’y à rien de mystique dans ma démarche si le sens de mystique s’arrête à une religion ou un gourou.
Si le mystique prend en compte le mental, le corps, les émotions, les énergies, alors dans ce cas ma démarche est mystique
En même temps je reste très logique, je confirme mon intuition sur des valeurs de Petscan, des rapports de recherche internationaux, des bilans sanguins, des docteurs en médecine, des grands sages et des interprétations de chiffres aux marges d’erreur exploitées.
 
Côté physique, je suis le cycle circadiens, je me lève tous les jours à 6h et me couche avec le soleil, j’ai arrêté de fumer, de boire de l’alcool et je suis flexitarien, je ponctue mes journées de travail par des moments de présence intense que ce soit par la contemplation de la nature, d’animaux, ou d’outils comme la musique, l’écriture, la méditation, la marche, l’art, la lecture. J’avale des médicaments aux plantes matin et soir et m’entoure que de bonnes énergies. Je suis dans l’action silencieuse.
 
Souvent la peur refait surface et j’oublie vite l’essentiel, le stress ressurgit et les symptômes apparaissent, suis-je assez présent pour agir sur une grosseur ? Suis-je sur le bon chemin ? Est-ce de la folie ? Suis-je entrain d’aggraver mon cas à 12000km de chez moi à manger des plantes ? Personne ne l’a fait avec ce type de cancer alors pourquoi moi j’y arriverais ? Pour qui je me prends ? Quel est ce nouveau challenge que je m’impose ? Pourquoi me mettre autant de pression ? Qui suis-je ?!
 
J’avais du mal à dissoudre tout cela tant que je n’avais pas accepter une nouvelle partie de l’Oeuvre, et de loin la plus importante: ma mort.
La mort, cet inconnus qui nous échappe, impossible de le comprendre avec le mental, notre ultime solution réside dans l’acceptation, l’abandon de soi, le lâcher-prise totale en laissant ainsi jaillir la lumière.
La mort fait partie de la vie, c’est une phrase toute bête mais je comprends aujourd’hui qu’elle différence il y à entre répéter un proverbe, une belle phrase ou un mantra et faire l’expérience de ce proverbe, cette belle phrase, ce mantra.
 
Je viens de recevoir une chimio d’attente pour calmer la grosseur qui a évoluée.
On ne s’habitue pas à la chimio, la 1ière vaut la 12ième et vice versa, c’est épuisant physiquement, mentalement et émotionnellement.
J’ai été sélectionné pour participer à un nouveau protocole d’étude qui propose la fameuse immunothérapie.
Il s’agit de prélever mes lymphocytes T, de les modifier génétiquement en laboratoire pour les rendre apte à reconnaître les cellules cancéreuses ce qui aura pour effet lors de leur ré-injection d’orienter l’ensemble de mon système immunitaire à combattre de lui-même cette grosseur.
La recherche la plus pointue, qui aide ton système immunitaire à reprendre le contrôle, tout cela à du sens.
Je serais un mutant, un Organisme Génétiquement Modifié dans 2 mois ce qui ne changera rien à mon Être.
 
Il y à un an jour pour jour j’entendais pour la première fois le diagnostique de CANCER et c’est aujourd’hui un jour symbolique.
 
Joyeux anniversaire ma sœur et mon père.
Tout va bien.

2 réponses

  1. Anonyme dit :

    Thanks for showing the way.
    I love you ❤

  2. Fabiolla Fab dit :

    U

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