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Hier aux urgences il n’y avait plus de brancard.
Hier les gens criaient pour qu’on s’occupent d’eux, ils gémissaient dans l’espoir d’être traité plus rapidement.
Hier j’ai eu l’impression d’être dans un pays en guerre qui entassait ses blessés dans les couloirs.
Hier j’ai vu un personnel hospitalier dévoué, débordé, aimant et bienveillant, tentant de colmater les trous du navire France comme ils le peuvent, le plus souvent avec de l’eau.
Hier j’ai vu des salles désuètes, des machines qui ne fonctionnent pas, des VMC encrassées et des compresses ensanglantées joncher le sol.
J’ai vu des indications de prévention concernant la désinfection des mains en face des portes principales à pousser ou à tirer avec ces même mains.
Hier j’ai eu peur pour demain et le présent me paraissait venir d’un lointain passé.
Mais hier c’était hier et aujourd’hui est un autre jour.
À PLAT (ZI)
Seconde chimio, seconde aplasie, seconde fièvre, seconde douleurs, intenses, second aller aux urgences cette fois ci en ambulance VIP à 160 sur le périph avec les gyrophares.
Ma pauvre mère aurait bien d’autre chose à voir et à faire à son âge, surtout pas se serrer le coeur en voyant son fils dans une ambulance.
L’expérience est terrible pour tout le monde et j’en suis conscients.
C’est ainsi. Dorénavant et pour les mois à venir ma vie est faite de surprises de ce genre.
Dans mon état, les urgences c’est pas vraiment le lieu où traîner ! Moi qui peux chopper à peut prêt tout ce qui bouge (je parle bien de maladies là pour le coup…), les urgences deviennent un réservoir de bactéries prêtes à se loger dans le moindre de mes interstices. Psychose activée.
Me voilà donc gavé aux antibiotiques pour aider mon corps à lutter contre à peut prêt tout de ce monde, même, de lui même.
TOMBE LE MASQUE
Je commence à faiblir physiquement, je le sent.
Mon poids c’est stabilisé mais les muscles fondent.
J’obtiens un teint de jaunisse un jour sur deux quand l’autre jour sur deux je vire au blanc transparent.
Moralement ca remue tout là dedans et quand je me regarde dans le miroir à 39 ans sans famille, sans copine, sans enfant, ma perche de chimio à la main… je me dis que j’ai du louper un tournant dans ma vie.
Je veux une vie normale, une femme normale, des enfants normaux, un break, et un chien normal, une maison dotée d’un jardin, normal, des réunions de familles imposées le dimanche, des plaisirs simples, des dîners à rallonges, des sujets houleux, un beau-père qui s’y connait en vin, des projets de voyages normaux, bref, la vraie vie quoi.
DEMAIN C’EST LOIN
Demain c’est PETSCAN
Demain c’est THE rdv avec ma tumeur.
Demain on va voir qui de nous deux à mieux travaillé depuis ces derniers mois.
Comment je le vie ?????
Comme tout depuis le début à savoir que demain, c’est déjà loin.
#profitezdechaqueinstant #nelaissepasentrerautrechosequedubonheur
#neperdpasdetemps #jusquicitoutvabien #fuckcancer