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24h me sépare d’hier.
À 24h de la fièvre, des courbatures, des céphalées, des sueurs, des tempes infernales, des nausées, des inconforts en tout genre, du mal être général.
24h me sépare de demain.
À 24h du 4ième traitement chimiothérapique, de l’hospitalisation, des injections, des plateaux repas ragoutants, du bal des infirmières…
Cela peut paraître court 24h, mais c’est largement suffisant pour mourir et renaître.
Commençons au petit matin par ouvrir un œil, passer son corps au radar pour constater une disposition encourageante à une possible journée en mode verticale.
Switcher en position assise au bord du lit et, quelques saignements de nez plus tard, confirmer la disposition encourageante à se verticaliser.
Reste un étage pour atteindre mes 1 mètre 80 et là haut il faut aussi beau.
Tiens le soleil est là aussi. Le petit déj reprends du goût ce matin.
Mes jambes me portent et la douche matinale à la bonne idée de ne pas vider toute ma batterie.
Chaque pas qui m’éloigne de mon lit et me rapproche de l’extérieur me réconforte, je comprends aussi qu’il va falloir dégager mon esprit d’une somatisation accumulée ces 12 derniers jours, une mémoire du mal qui n’a pas lieu de persister si on veut continuer à pleinement exister, comme si à chaque pas j’allais redescendre illico d’un étage plus bas, à l’étage 17…
C’est fantastique, dans cet état de reprise physique, le mental suit avec plaisir.
Tous les feux de cette merveilleuse machine se rallument un à un. Certains clignotent orange, ou rouge même, mais la révision est globalement bonne et encourageante. D’ailleurs où se trouve ce carnet d’entretien ? Chacun en disposant d’un le gère à sa façon, j’ai pour ma part accepté d’en arracher quelques pages pour cacher quelques fuites, et ca tiendras bien pour les xx années restantes !
LOST IN TRANSLATION
Un pied dehors et je suis comme un gamin que tu poserais au milieu d’un parc Disney, privatisé pour son anniversaire, tout excité, tellement excité devant toutes ces attractions de la vie que je ne sais pas par où commencer, quoi faire pour en profiter au mieux, je me sens d’un coup boulimique et j’ai le pass VIP, le coupe file nécessaire pour en profiter pleinement. Je tourne la tête dans tous les sens. Comme un détenu en permission j’ai envi de tout faire, tout vivre en 24h, j’ai envi de faire l’amour aussi.
Et comme un gamin encore tout excité je m’épuise seul et sans rien faire, je n’ai pas d’idée au final, toutes les attractions m’attirent et me fatiguent à la fois, sentiment bizarre, une certaine crainte s’installe, le voyant de ma batterie interne tire sur le rouge.
Car dehors c’est fantastique mais c’est hostile, dehors ca bouge, ca crie, ca freine fort, ca klaxonne, c’est bruyant, c’est haut en couleurs, c’est grinçant.
MÉMOIRE DE RHINOCÉROS
Je trouve cela assez dingue cette capacité qui s’appelle… c’est quoi déjà ? ? ? ? ?
Ha oui ! la mémoire…
Elle est garante de notre identité, elle forge les êtres que nous sommes. Dans chaque décision quelconques soient elles il y à un bout de notre passé, collectif et individuel, quoique l’on y fasse.
Nous sommes le résultat de l’addition de nos expériences, multiplié par la capacité à s’en détacher, déduis de notre effort à nous projeter dans le futur.
Une formule mathématique est toujours idéale pour ne pas mieux comprendre n’est-ce pas ?!
Tout ca pour dire que nous avons en nous cette incroyable capacité à ne retenir que le meilleur de nos expériences passées alors jusqu’ici tout va bien.
#fuckcancer #lymphome #jusquicitoutvabien